« L’eau n°IV » – 2017
Suite d’images en réitérations. Une partition. Chorégraphie pour s’approcher d’une rivière, aller vers l’eau. Mimer le geste de se laver dans l’eau nouvelle et passagère d’une rivière. Si c’est une tentative, un espoir. Suite d’images insistantes où il est presque certain que le paysage n’existe pas. Que tout paysage n’est jamais qu’une situation, une mesure, un exercice d’attention.
S’approcher, s’exercer. S’exercer à s’approcher d’une rivière. L’écouter, l’attendre. Se souder à ses rives. Tenter de s’attacher aux mouvements de l’eau. L’appelant comme on préfère Source ou Ruisseau ou Tendre Affluent. Des mots légers. L’appelant Chère Cascade ou Petit Courant.
Lui parlant, tendre le bras, brosser le courant à revers. Fendre l’eau la main en gouvernail. Par le corps fabriquer cette sorte de tourbillon dans la matière, croire s’immerger. Où il est presque certain que. Mais s’enfoncer quand-même. Jouer à la nageuse, à la baigneuse, en sifflant des chants d’oiseaux rares. Des chants imaginés.
Ou si c’est une brise répercutée par les arbres, la présence d’une forêt. Une brise, des arbres, une forêt. Et le tambour de l’eau. Y couler. Le dos rond remuer dans ses remous. Soupeser des courants, mélanger l’air et l’eau, l’eau et les pierres du fond. Pierre et eau mêmement miroitantes, avançant et reculant par des effets de loupe. Sentir sous ses pieds les rondes-bosses des pierres dénudées.
Avancer reculer. Combien de pas pour s’éloigner en laissant s’émousser le chant, la brise, s’émousser toute trace de cascade sur la peau. Combien de pas pour sortir de l’eau, enfin, le cœur ravi, le corps comme un linge, essoré.