« Entre deux silences » 2004
Bégayer dans mon corps
quand il se coince
au ras des mouvements
quand la douleur le cloue
je respire pour habiter en moi
tandis que le nerf à vif épuise le silence.
Lui :
Je te cherche dans ce creux atteint,
le combat livré, la verticalité évanescente
tes pas sont sacrifices invisibles pour ceux qui avancent.
Je ne me porte plus, j’arrondis les angles,
déplace d’un millimètre mes montagnes intérieures.
Dans l’immobilité, jambes tordues,
la fluidité m’abandonne
le corps perd son insouciance.
Recroquevillée contre l’horizon bouché,
j’attends que la violence rende gorge à la montée du mal.
Lui :
La lumière fragmente ta peau
à la surface, je guette les interstices
approcher ne me permet pas d’éprouver.
Mes chairs se traînent sur le bas-côté,
en rade, j’accroche une miette de désir,
j’amoindris le désespoir quand ta main me cherche dans la nuit.
Lui :
Je retrouverai la mémoire des caresses effacées
même si ce n’est pas ainsi que les corps vivent.
Le plaisir comme la souffrance se conjuguent au présent
dans une intensité indicible.
Mon corps gèle dans cet allongement forcé.
Je fige toute spontanéité lorsque me retourner devient exploit.
Pourtant de tes bras, je repartirai
vers l’odeur des feuilles, le goût de l’eau du thé,
les chorégraphies refaites en confiance.
Tout sera là pour toi de moi
le jour où je remarcherai joyeuse.
J’oublierai avoir été un corps en hiver
pour assouvir le duo quelle que soit la saison.
