Thierry Renard – Fragment du Livre – 2023

« Prendre soin » 2014

Tout en ce monde est traduit du néant, et il n’y a jamais eu une seule vérité. Le corps de la femme est un paysage sensible. La page elle-même est un corps sous l’œil du photographe. La sensualité et la beauté viennent de là, de cette confrontation entre l’envers et l’endroit. Le corps de la femme, sans doute plus que d’autres désigné comme étant un lieu du désir, est aussi l’espace rarement clos des contradictions.

Tout ici semble indiquer la voie à suivre pour gagner l’autre rive, celle des plaisirs muets, entre lumière et ombre. Dans le respect de la chambre qui délivre ses parfums, la nudité n’est jamais acquise ; elle se confond avec ce qui reste de l’éternité. L’obscénité n’est pas de mise, pas besoin de le montrer. Dans le secret et le silence de la chambre, la nudité est libre dans sa pleine liberté.

Nous sommes mortels, c’est ce qui fait notre charme. Nous sommes mortels, et alors ? Alors nous voyageons d’une dune à l’autre, sous le voile léger du temps. Nous arpentons les terres inexplorées de la nostalgie dont le visage réapparaît pour l’occasion. Nous n’en croyons pas nos yeux. Chez nous, bienveillance et vitalité, malgré ce qu’on nous inflige ou ce qu’on nous cache, toujours remontent à la surface.

Vivre, au fond, c’est parvenir à exprimer l’indicible, à marcher sur l’eau sans se noyer ou sur les braises sans se brûler. Et c’est n’avoir que la peau sur les mots. Derrière le papier calque ou parmi les feuillages épars, une histoire se trame qui déjà se raconte à la deuxième personne du singulier. Dis, qu’as-tu fui pour sentir la terre, une fois pour toutes, se dérober sous tes pas ? 

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