"Colomba" – 2017
Comme un voceru
Entre violon et cistre
tu lis à yeux fermés
chantes à lèvres closes
les voix qui te traversent
ont traversé le temps
c’est un parfum de terre
que le soleil installe
dans les châtaigneraies
un rêve escarpolette
volant parmi les feuilles
*
L’arbre frémit à peine
un souffle le traverse
dormir rêver l’enfant
flotte parmi les feuilles
au rythme de ton sang
envols froufrous et courses
entre myrte et arbouses
entre immortelle et thym
feu entre ciel et terre
entre soleil et mer
*
C’est à peine un murmure
sous le soleil vengeur
dans l’attente de l’ombre
huissements du faucon
et trilles des sittelles
l’ombre s’étend et plane
épiphanie du sang
tu suis le labyrinthe
des odeurs du maquis
danses des porte-queues
*
Un fusil tord les arbres
affolement des feuilles
froissement des oiseaux
un rêve de panique
et d’émerveillement
plainte de terre et d’arbres
murmure à bouche close
distant plongé dans l’ombre
qu’une voix verte porte
au cœur des frondaisons
*
Le monde s’est rompu
ne vibrent que les failles
les voix se sont éteintes
le chant s’est refermé
et la plaie reste ouverte
où la douleur te point