« Menuiserie » – 2009
Dans la nuit qu’on aurait bâtie à sciure et à copeaux puis trouée, ajourée, ces corps ! À ce point nus, les corps, comment rester de bois ? Faudrait réfléchir au drapé, à éviter que la chair du jour n’aille à se dissoudre.
Dressés ou couchés ou mis en pièces les corps des dames mais pas figés, ils tournent sur leur axe comme dames de nage dans le plat-bord, pour une barque qui va. Reste à inventer des rameurs. Inventer aussi fruits et fleurs et bêtes, becs et chants et jacasseries, parfums. Et courses de marmots dans les ateliers et les soupentes.
À présent, l’orage et son averse biaise et violente martèle la baie vitrée, puis coule sur le paysage à demi noyé, biffé. Après quoi, le silence, le soir, l’ombre, les absents. Corps au milieu d’un fondu au noir, entre la mise à nu et la fuite au fond des couloirs. Dangers ?
Suffirait de poser les solives sur les lambourdes puis toute la volée des voliges. Après, bien après que les robes rouges à volants avec leurs coutures exubérantes aient fini délacées, possible de tomber dans les corps, dans la sainte et simple et délectable gloire des corps mis à feu dans le soleil depuis le soir jusqu’à la nuit.