"Rien qu'une présence" – 2001
Née de l’ombre
elle effleure la lumière
la fuit pour effacer le jour
que cherche-t-elle à défaire
de ce corps soluble dans l’air
Elle crie
sans écho
la voix reflue dans sa gorge
en feu
Toute chair avide
brûlante de désir ou de mort
elle ne sait plus très bien
Réclusion dans le blanc
de la page
elle s’arrime au pied du mur
appelle l’élan à flanc
Sursaut de l’âme sous la peau
résurrection du sang
sabbat à cœur
s’ébat à tout rompre
Corps à corps avec le vide
toute altérité diluée en miroir
elle griffe l’outre-noir
la suie des jours
Rien qu’une buée sur la vitre
elle respire plus fort
vivre est ardeur musculaire
appel d’air vif
Comme une lame de fond
qui remonte en elle
la brise la fend la tue
la redresse
Qui est-elle vraiment
lancinance de toute existence
Calligraphie des ténèbres
le corps se pense et s’écrit
au calame des ombres
Elle se penche s’épanche
pelote de mémoir
suspendue au fil du temps
Danser sa vie
oui mais sur quel pied
Faire corps avec soi-même
rien qu’un instant
pour rebondir encore
Elle est à bout
de quoi
de tout
de rien
Rien qu’un corps
à toute épreuve
une présence
rien qu’une présence