« Incarnations Ethiopiennes » – 2009
au commencement toujours
un autre commencement
les mots sur les lèvres
les mots sous la peau
un commencement toujours
précède un commencement
la peau devance
tout commencement
la peau toujours devance
le commencement des mots
issus de la bouche
sortis de la tête
une phrase en tête
la peau en sait
toutes les syllabes
langue rêche
bereshit
au commencement le corps
la danse du corps
les voyelles fantômes
dans le corps de la lettre
un point dans la maison ouverte
une flamme
le foyer de la lettre
la danse
une flamme
au commencement
une flamme
la danse d’une femme
et phasmes qui dessinent
les brindilles du temps
la maison est ouverte
ou bien une tente
comme l’est une phrase
qui se fend sous la langue
granules crissent
notes blanches et noires
broient le silence
le chant se lève
avec le vent du désert
soulève les étoffes
poussière sable
des os brûlent
la suie sera
l’encre des copistes
leurs mains recèlent
la tendresse des nuits
puisent dans le ciel
une poignée d’étoiles
pour ponctuer le récit
des commencements
chaque grain de sable
se souvient d’une montagne
commence une plaine
un rivage
l’assemblée des sages
a planté une tente
où se rassemblent les conteurs
grain de sable et grain de sable
lequel sème les voix
le parfum des voix
la voie lactée
est une longue écharpe
alors alors
ainsi commenceraient
les murmures du paysage
les foulées des voyageurs
l’amble sur la piste
chaque un
chaque une
chaque phrase et chaque récit
l’augure
d’autres phrases
l’augure
d’autres récits
une un l’espèce
inventent le vivant
dans le creux des dunes
un rêve de rose
bleue dans les sables
et le vent disperse
les grains
aiguilles de tatoueurs
sur les peaux nomades
nuages nuées
sur nos jambes
sur nos pieds
nous comptons
la marche les pas
du poème