"Imari" – 2013
Il s’agit d’un port, le port de la mer de l’ouest,
de son petit cordon d’eau douce, volcanique,
brûlante, il s’agit de la caldeira d’un ventre
et de ce qui en découle avec, notons-le,
un pont de porcelaine pour aller de rive
en rive. On ne peut s’y noyer tant on est sûr
de la perfection des formes qui nous rappellent
les trous percés dans l’eau, les pores de la peau,
la place évidente pour l’un dans l’autre, pour
le carré dans le cercle, le dard dans l’étoile.
Vous aimiez le goût amer du safran, l’odeur
du foin de la fin juin, le mot surtout, safran,
mot que vous imaginiez engrangeant de l’or,
des plumes dorées, plumes indiennes, dorées,
vous en garnissiez votre bouche et votre sein
aboutissait à un téton d’argile blanche.
On s’en saisit toujours aujourd’hui pour lever
le couvercle du vase à parfum car vous êtes
ce vase, étrange mélange de sel et sucre,
notes d’anis et camphre, d’or rouge et de sang.
Ce fut une ruse d’ainsi voiler sa face,
refusant la parole, n’offrant que le dos.
D’avoir fait faïence, utilisé cette terre
comme châle, n’être que châle, du Japon
par exemple, iranien tout autant, femme sous
son châle dont il faudrait deviner les mots
sortant du torse de résonance, la cage
froide du torse. S’échappant en hauts accents.
Ce pourrait être des mots glacés, mosaïque
de mots, contre le silence. Pour la caresse.