« In memoriam – La Rochelle » – 2010
S’installer dedans. Dans les entrailles. Tourner son sang.
Tourner sa voix. Secouée malaxée. Se contempler dans
l’obscurité. S’alourdir de densité. Naître bientôt. Naître
maintenant. Apte à souder les parties du monde.
Redresser l’ampleur des phrases.
Un corps trop. Un corps sans. Un corps nu. Un corps sous.
Un corps caché. Un corps devant. Un corps souffrant.
Un corps de pierre. Un corps de viande. Un corps bien.
Souffle sur ma dorure. Un corps mal. Un corps mort.
Un corps pas si mort. Un corps déjà. Un corps soudain.
Si l’image penche. Si les arbres sont penchés. Et la
maison effondrée. Si les mots glissent. Si la lune a
chuté. Si rien ne tient. Si tout bascule. Même les pigeons.
Même la femme au balcon. Si rien ne résiste.
Autant que moi. La page se met à trembler.
Un sac rempli de pierres volcaniques. Un grand bain.
Une vie déposée. Derrière le mur des souvenirs mal rangés.
Une poubelle à ciel ouvert. Rien qui me tienne la nuque.
Sauf ce cil qui oscille entre deux marées.
Jette ses lambeaux sur le carreau. Enlève ses gravats.
Ses échardes. Ses emmerdes. Fait peau neuve.
Vous me voyez agiter ma robe ? Sa texture remaniée.
Ses tiroirs renversés. Le jardin sera beau.
La Rochelle sera belle bientôt.