« Sans bruit » – 2002
L’hiver il y a des jours ainsi,
humides, brumeux et doux,
des jours étroits. Si ce n’était
le gris qui domine et le silence
qui oppresse un peu, ce serait
presque intime. Pas de vent,
pas de ciel, ou si bas, pas
d’oiseaux, ou si loin
Plus que tout autre jour, ceux-ci
incitent au rêve, à la paresse,
ces rêves de fin de nuit, quand
dans l’esprit tout se confond, le
jour et la nuit, le dedans et le
dehors, le réel et l’imaginaire.
On dirait que tu es ainsi, certains
matins, l’hiver, comme pliée,
froissée, somnolente dans le jour
qui peine à venir. En tout cas
tu remues à peine, ou si lentement,
le regard ailleurs, la tête engourdie,
et ce sont des moments très doux
Je regarde par la fenêtre mais
je ne vois presque rien, ou presque, le
ciel vide, le jardin triste, les
arbres sombres. Je regarde
vers toi et je te vois nue,
calme, silencieuse. Tu te lèves,
légère, pâle encore, cotonneuse.
Alors tout se ranime peu à peu,
posément, doucement et sans bruit.