"Mémoire secrète" – 2005
[palais maisons et appartements
circonscrivent les corps
les chambres sont interdites à l’enfant
d’une salle d’eau
s’échappe l’assourdissant fracas
de la saison des pluies
tandis qu’au-dehors
les murs se couvrent d’insectes]
[la mère augure l’essaim
sa nuque y pense sans cesse
chaque claustra effleure un jour
faussement avenant
à l’égard des dos aveugles]
[un matin de plus
dans l’antre du rivage
quel est cet enfant déguisé
ce garçonnet qui danse autour du lit
pille le tiroir secret
étale à terre
son butin de fards et de céruse ?]
[la musique s’est éteinte
depuis de nombreux jours
la mère épouse la pénombre
un monde disparaît avec elle
cette maison n’est qu’un enclos]
[l’illusion du dehors
troncs de ciment
le jardin n’a jamais poussé
mais l’enfant grandit tout de même
sur la terre asphyxiée]
[les baldaquins disparaissent
sous des couches d’encens
au réveil aucun incendie
extérieur nuit
l’ombre nous tient en son pouvoir
intérieur jour
l’ombre nous tient en son pouvoir
pourtant nous nous relevons]